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   ROCADE NORD : LA FARCE TRANQUILLE

20/12/2007  

ROCADE NORD : LA FARCE TRANQUILLE par Jean-Claude Woillet CIRENES

 Le projet de rocade nord est annoncé comme " la force tranquille " du conseil général. La formule sent un peu la naphtaline mais s'il se revendique fort et tranquille, nul doute que le conseil général saura répondre publiquement aux questions que lui pose CIRENES depuis plus de trois ans, sans avoir, pour l'instant, obtenu de réponse.

 

- Où sont les études de trafic origine destination indispensables à la réflexion préalable à tout projet routier ?

En leur absence, le conseil cherche désespérément à identifier le projet en changeant d'avis au gré du vent : rocade, périphérique, contournement, déviation, voie express... Nous avons donc affaire à un " O. R. N. I. " Objet Routier Non Identifié. Pourquoi le conseil ne tient-il pas compte des comptages fait par Sauve Garrigue, en partenariat avec CIRENES, qui montrent bien que le projet de rocade ne servira à rien, les flux essentiels étant des flux de travail du sud de l'agglomération vers le centre de Nîmes.

- À quoi pourrait bien servir une rocade nord ?

S'agit-il de désengorger le centre-ville comme le conseil l'avait affirmé au début, alléger le trafic du périphérique sud comme il en a été ensuite question, ou dévier le trafic venant du Nord vers le sud et le sud-est, dernière affirmation en date ? On s'y perd mais ce qui est sûr c'est que le dimanche il n'y a pas de problème de trafic à Nîmes, montrant ainsi que le problème se sont les automobilistes du sud de l'agglomération qui viennent y travailler. Quant à dévier le trafic nord, pourquoi ne pas le dévier plus au nord, en y améliorant le réseau de routes départementales? Un Alésien se rendant à Avignon préférera sûrement passer par Uzès et Remoulins, sur de bonnes routes, que via Nîmes.

Quant aux amis du quartier de la Croix de fer, qui s'imaginent que ceux qui utilisent aujourd'hui le chemin des Limites utiliseraient à l'avenir la rocade nord, ils se font beaucoup d'illusions. Les automobilistes du chemin des Limites qui y passent vont travailler dans la ville, pas pour aller à Avignon ou ailleurs. Ils emprunteraient la rocade nord pour aller où, à Nîmes en se retrouvant coincés sur la route d'Uzès ou sur la route de Poulx ou encore via Margueritte ? Ça n'a pas de sens. Limiter le trafic du chemin des Limites c'est : développer la desserte ferroviaire nord, installer des parkings relais à l'entrée de la ville avec navette, favoriser le co voiturage...

- Ça coûte combien ?

Depuis le début du projet, c'est 30 millions d'euros, à croire que l'inflation et la flambée des prix de l'énergie s'arrêtent aux portes du conseil. Si cette rocade se faisait, cela coûterait sûrement plus près de 40 que de 30 millions d'euros, somme énorme. CIRENES prend le pari de 40 millions d'euros au moins.

Ce qui est sûr, c'est que l'argent sortirait de la poche des contribuables gardois, ni l'État, ni l'Europe ne souhaitant y participer.

- Où en est l'étude d'impact ?

La première étude, datée d'avril 2005, a été baptisée ensuite, " provisoire", à la main, sur le document, après que 3 kilomètres aient été rajoutés aux 8 kilomètres initiaux. CIRENES à bataillé pour l'avoir cette première étude, au point que l'association a dû faire appel à la CADA (Commission d'Accès aux Documents Administratifs), rattachée au premier ministre, laquelle a obligé le conseil général à nous la communiquer. Une deuxième étude d'impact est en cours depuis l'été 2006 et sera, dit-on, prête en 2008. Depuis quand faut-il un an et demi ou plus pour une étude qui demande généralement six mois? Si l'on en croit la première étude, très incomplète, le meilleur tracé n'a pas été retenu (le chemin des Cercles), l'armée s'y opposant. Depuis quand l'armée, qui est occupant sans titre, depuis 1974, du terrain municipal de 1800 hectares, peut-elle s'opposer à l'intérêt général? À noter au passage que Nîmes ne touche pas un centime de l'armée pour l'occupation du terrain, ce dont bénéficient des communes voisines.

Le retard et le flou de l'étude d'impact soulignent simplement que vouloir faire passer une route importante dans le remarquable patrimoine qu'est la garrigue nîmoise relève de l'acrobatie pure et simple. Quant à la dernière facétie annoncée : " l'intégration paysagère du long ruban d'asphalte ", il faut quand même oser la faire, surtout quand on sait que l'un des deux viaducs (57 mètres de haut.) serait plus haut que le pont du Gard (50 mètres). Quant à voir évoluer tranquillement des cyclistes et des rollers le long de la rocade, ça relèvent d'Ubu roi, sans parler du fait que sur l'emprise de 400 mètres de la voie il serait dangereux de circuler, hors la route, en raison de la pollution, dont des munitions non explosées!

- Quelles sont les risques ?

Tout ouvrage d'importance comporte des risques, c'est pour cela qu'on procède à une étude d'impact. Pour le conseil général il n'y a pas de risque ou si peu. Ignoré le risque de quasi-disparition du caractère unique du patrimoine historique et naturel qu'est la garrigue de Nîmes, unique en France, oubliée la défiguration du paysage (tranchées de 25 mètres de profondeur et viaducs de 34 et 57 m de haut), éliminés les risques d'incendie, minorés les 15 tonnes de CO2, par jour, que le mistral déverserait gentiment sur la ville, pas envisagées les modifications hydrogéologiques, nié le bruit que feraient 10 000 véhicules par jour dont celui de camions (des murs antibruit à 57 mètres de hauteur?) On en passe et des pires.

- Et la ville dans tout ça ?

Que l'on sache, le tracé du projet se trouve sur un terrain municipal de 1800 hectares et la ville s'en désintéresse ? Nîmes une ville écologique ?

 

Le projet de rocade nord n'est pas justifié, il risque de coûter très cher, il est inutile et il est porteur de graves dangers. Il ne réglerait par les problèmes de circulation des Nîmois et ferait peser sur eux des risques importants.

Ce qu'il faut, et CIRENES s'inscrit dans la logique du Grenelle de l'environnement, c'est : favoriser les transports collectifs, le vélo, la voie ferrée, le co voiturage, les plans de déplacement des entreprises et des collectivités, l'utilisation de l'existant (gratuité de l'autoroute entre Nîmes ouest et Nîmes est), les parking relais aux entrées avec navettes, la circulation piétonnière, etc. La dynamique environnementale est appuyée par l'État et de nombreuses villes s'y associent en France et en Europe. Pas à Nîmes ?

Le conseil général précise que la rocade serait un modèle du genre. Qu'il se rassure, elle l'est déjà : le modèle de ce qu'il ne faut pas faire.

Pour la force tranquille du conseil général, il s'agit probablement du côté obscur de la force dont chacun sait quelle finit par se diriger tranquillement dans le mur.

Pour l'instant, on en est à la farce tranquille.

Jean-Claude Woillet CIRENES (20 décembre 2007)

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