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Du local au mondial " Vivre et habiter ici "

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02/01/2008
 

Du local au mondial " Vivre et habiter ici " par Bernard Bruyat

En un temps très court, la population perdra confiance non seulement dans les institutions dominantes, mais aussi dans les gestionnaires de la crise. Le pouvoir qu'ont ces institutions de définir les valeurs (l'éducation, la vitesse, la santé, le bien-être, l'information, etc ...) s'évanouira soudainement quand sera reconnu son caractère d'illusion. L'Etat-nation est devenu le gardien d'outils si puissant qu'il ne peut plus jouer son rôle de cadre politique.

Les partis soutiennent le droit de l'électeur à réclamer un plus haut niveau de consommation "industrielle". Les partis soutiennent un état dont le but avoué est la croissance du PNB, il n'y a rien à attendre d'eux lorsque le pire arrivera.

Ivan Illich "l'inversion politique " 1973

Face a cette constatation et en prenant en compte qu'Illich n'a pas prévu le soutien momentané de ces partis par une " Gouvernance " qui précipitera, aidée en cela par le New age, leur disparition : "pour finir de conduire le troupeau au bord de l'abîme et fixer des limites multidimensionnelles à la croissance, juste en deçà du seuil de l'autodestruction (...) la gestion bureaucratique de la survie humaine est un choix acceptable d'un point de vue éthique ou politique, mais elle doit échouer (...)

La désaccoutumance de la croissance sera douloureuse. Elle sera douloureuse pour la génération de transition, et surtout, pour les plus intoxiqués de ses membres." Devant ces constatations, il faudra des groupes capables d'observer et d'analyser avec cohérence la catastrophe et l'exprimer en langage ordinaire.

Les gouvernements, partis, les syndicats et les diverses structures qui les représentent s'attaquent à la crise des services publics, de l'éducation, des transports, du système judiciaire,de la jeunesse et chaque aspect de la crise globale est séparé des autres, expliqué de façon autonome et traité en particulier.

" On propose des solutions de rechange qui rendent crédible la réforme sectorielle : les écoles d'avant-garde contre les écoles traditionnelles redoublent le demande d'éducation; les villes satellites contre l'Aérotrain renforcent la conviction que le développement des villes est une fatalité; une meilleure formation des médecins contre la prolifération des professions paramédicales nourrit l'industrie de la santé. Et comme chaque terme de l'alternative a ses partisans, on ne choisit pas en général, ou plutôt on essaie les deux à la fois. En résultat, on tache de faire un gâteau toujours plus gros, mais c'est en pure perte. " Ivan Illich .

Nous constatons que les individus qui gèrent par délégation électorale au local ne font plus le travail d'évaluation qui devrait prendre en compte à la fois les besoins des habitants et la désaccoutumance à la croissance. Il s'agit pour eux, afin de préserver leur mandat d'appliquer simplement des directives venues de plus en plus d'une " Gouvernance " qui pour organiser l'économie toute entière, en vue du "mieux-être", deviennent l'obstacle majeur au "bien-être".

C'est pour essayer d'inverser cette tendance suicidaire que nous avons proposé que s'ouvrent, au niveau de nos communes, de véritables espaces d'observation ( sous forme de forum ) sur notre comportement face à l'urgence de cette désaccoutumance à la croissance .

Le CRAC (cercle de réflexion et d'accompagnement à la commune) n'est en aucun cas un cercle de revendication , ni un prétexte à servir une lutte électorale, mais une méthodologie proposée pour aller vers une grille d'évaluation construite par ceux qui veulent "vivre ici et dire j'habite ici " sans pour cela être obligés de dire je "possède ici ".

Cette grille d'évaluation devrait permettre la mise en place d'une autre gestion de nos communes par un système de "forum d'initiatives locales " et ainsi devant leur disparition programmée par la mise en place de "communautés de communes, pays " proposer un lien social initiateur d'alternatives socio-économiques en vue de la désaccoutumance à la croissance et cela indépendamment de tout mouvement politique, syndical ou religieux.

C'est ainsi que pourraient être posés, au sein de la commune,les cadres d'une vie sociale basés sur le respect de chaque individu dans sa singularité et sur son droit fondamental d'être un acteur libre et responsable. Cette grille d'évaluation pourrait être en permanence réorientée par la mise en pratique d'un consensus vers la désaccoutumance à la croissance.

Le consensus n'est en aucun cas un abandon des choix, des besoins et des désirs personnels face à des tendances dominantes, une solution de repli face à la divergence ou au conflit, la soumission d'une minorité à la volonté d'une majorité. Bien au contraire, c'est une pratique qui suppose l'acceptation par chacun d'un travail d'expression, d'écoute et de remise en question.

Bien sûr, nous savons que devant nos propositions ,les tenants de la légitimité du bulletin de vote vont une fois de plus crier à l'Utopie! Mais au vu des pratiques de gestion actuelles vers le "toujours plus" de consommation ne sont -ils pas eux-mêmes, l'illustration que l'Utopie a toutes ses chances.

 

Bernard BRUYAT

OPDL (Observatoire des pratiques de developpement local )


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