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Des poissons fluorescents pour l'aquarium du salon

Les premiers animaux de compagnie transgéniques commencent à être commercialisés aux Etats-Unis. Par exemple, des poissons-zèbres rouges qui brillent dans le noir.

Verra-t-on bientôt des chiens bleus ou des chats à six pattes ? ?

Je ne pense pas qu'il soit normal de fabriquer un nouvel organisme uniquement pour en faire un animal de compagnie", a lancé Sam Schuchat, commissaire à la pêche et à la chasse de l'Etat de Californie, devant un parterre de journalistes. "Pour moi, c'est un abus du pouvoir que nous avons sur la vie." C'est par cette déclaration solennelle que la Californie a dit non au GloFish. Ce poisson-zèbre qui vire au rouge fluorescent grâce à l'adjonction d'un gène du corail se vend déjà très bien en Floride. Dès ce mois-ci, il sera disponible dans presque tous les Etats-Unis. Le Night Pearl, un autre poisson-zèbre qui brille dans le noir grâce à un gène de méduse, est en vente depuis juin.

L'ère des animaux de compagnie transgéniques a donc commencé. Enfin, disons que nous en sommes au tout début. Il est encore coûteux et complexe de développer des méthodes pour produire des chats ou des chiens génétiquement modifiés. Mais, compte tenu du rythme de la recherche dans ce domaine, nous devrions bientôt pouvoir jouer avec le génome de toutes sortes de créatures. On trouve déjà des souris et des lapins luminescents. Un poisson-zèbre d'une autre teinte ? Sans problème. Quant aux possibilités futures, elles sont étourdissantes. Vous redécorez votre intérieur en bleu ? Pourquoi ne pas adopter un chien de la même couleur ? Des chercheurs s'efforcent même de remonter le temps pour créer des dinosaures en activant des gènes dormants chez les oiseaux. Imaginez un peu ce que les gens seraient prêts à payer pour avoir un dinosaure d'appartement.

Certes, nous n'en sommes pas encore à célébrer la résurrection des ptérodactyles, mais le marché sera bientôt envahi par toutes sortes de bébêtes génétiquement modifiées.

 

Comment réagir ? Viscéralement, d'aucuns s'écrieront : "Vite, il m'en faut un !" D'autres, comme M. Schuchat, riposteront : "C'est mal et contre nature." Rien de tout cela n'aide vraiment. En particulier l'argument du "démiurge qui joue avec la nature", objection qui ne tient pas, car il y a des milliers d'années que nous manipulons les espèces animales par le biais de l'élevage et de la sélection. Mieux vaut donc considérer les facteurs que nous devrions intégrer dans nos calculs.

Ça vous tente, un chien à six pattes ? Difficile d'imaginer qu'un tel monstre puisse trouver acquéreur. Et pourtant, il suffit de voir ce qui existe déjà : des poissons rouges presque incapables de nager, des chats nus, des bouledogues à la mâchoire déformée... des Frankenbestioles, nous en avons déjà créé beaucoup, en ayant recours à la technique, apparemment inoffensive, du croisement. Qu'y a-t-il de pire ?

 

Si l'on en use avec sagesse, le génie génétique pourrait permettre de rectifier quelques-uns des excès de l'élevage conventionnel. Ainsi, des chercheurs comptent y avoir recours pour corriger les problèmes de bassin dont souffrent certaines races de chiens. Ce ne sont donc pas des lois interdisant les animaux de compagnie transgéniques qui sont nécessaires, mais des lois empêchant par tous les moyens la création d'animaux dont les gènes les condamneraient à souffrir. Aux Etats-Unis, aucune loi fédérale ne garantit le bien-être des animaux de compagnie. Et si la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie appelle effectivement les éleveurs à ne pas créer de caractéristiques indésirables, la plupart des pays, dont le Royaume-Uni, ne l'ont pas ratifiée.

Au sujet des animaux de compagnie transgéniques, il faut également se demander ce qu'il leur arriverait s'ils s'échappaient. Déjà, de nombreux animaux exotiques ont été la cause de problèmes : des pythons birmans rôdent désormais dans les Everglades [parc de Floride], par exemple.

Les laboratoires affirment qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter, parce que les modifications subies par les animaux de compagnie transgéniques, destinées à les rendre plus désirables, réduiraient leur capacité à survivre dans la nature. Non seulement le GloFish gaspille de l'énergie pour être fluorescent, mais les prédateurs, entre autres, n'auraient aucun mal à le repérer. Mais les caractéristiques supplémentaires ne sont pas obligatoirement synonymes de faiblesse. Ainsi, il pourrait être intéressant de modifier les poissons tropicaux pour qu'ils puissent vivre en aquarium non chauffé. De toute façon, il serait naïf de croire qu'un animal moins adapté à la survie représente une menace moins importante. Selon la théorie dite du "gène troyen", un animal modifié et moins adapté peut malgré tout entraîner l'extinction de ses cousins sauvages s'il se révèle plus efficace dans la conquête de partenaires. Même si la plupart des rejetons meurent jeunes, ceux qui survivront engendreront l'essentiel de la génération suivante, qui mourra également très tôt. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'espèce disparaisse.

 

Heureusement, il existe un moyen plutôt sûr de veiller à ce que les animaux de compagnie transgéniques ne s'égaillent pas dans la nature. Les législateurs doivent simplement recommander aux laboratoires de biotechnologie de rendre ces animaux stériles et d'accepter en outre la responsabilité de tout dégât écologique résultant de leurs erreurs.

Michael Le Page

NEW SCIENTIST Londres

Courrier International

29/01/2004, Numero 691


· Que vous inspire cet article, y-a-t-il abus de pouvoir de l'homme sur la nature, risque-on selon vous de dérégler, un jour, l'équilibre sauvage de la faune et de la flore par une prolifération incontrôlée d'espèces artificielles. Doit-on comparer ce phénomène à la bataille des OGM agricoles, maïs, soja, riz, pour un monde libre, exempt de brevets sur le vivants ?

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